Vouloir accoucher naturellement en France

Publié le par Maëlle B.F.

L'amoureux m'a transmis ce matin un article du figaro qui titre "Trop d'accouchements accélérés à tord". Il sait que ce sujet me touche particulièrement et c'est donc tout naturellement que je t'embête aujourd'hui avec ce sujet (alors que j'avais prévu de te parler d'autre chose en plus). J'espère vraiment que cela pourra aider certains futurs parents à être réellement informés. Je sais l'article est long mais je pense que cela vaut le coup de prendre le temps de réfléchir 5 min à ce que l'on veut pour notre corps.

Le respect de la patiente et du nouveau-né

 

Avant de lire mon article, je te conseille bien évidemment de lire l'article du Figaro qui te montrera que non ce genre de propos n'est pas celui d'une illuminée du bocal qui s'oppose à la médecine, bien au contraire. La journaliste explique que plus de 60% des femmes reçoivent une adjonction d’oxytocine (une hormone de synthèse qui imite l'ocytocine et qui est administrée notamment pour déclencher les contractions utérines) sauf que cette pratique n'est pas toujours nécessaire et utile. Pire, elle peut avoir des conséquences terribles. Outre que tu souffres beaucoup plus (imagine des contractions très douloureuses alors que ton corps n'est pas prêt à s'ouvrir), elle augmente le risque d'hémorragie après la naissance du bébé. Attention, c'est un acte qui est très utile : quand la poche des eaux est percée depuis trop de temps et que le travail ne se déclenche toujours pas par exemple. Mais il ne doit certainement pas considéré comme anodin ou comme une façon d'accélérer le temps de travail.

Je rappelle tout de même que la loi stipule qu'"aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment. » article L1111-4 du Code de la santé publique.

Aussi devrait-on tous s'insurger de lire dans cet article "Le CNSF préconise également une meilleure information des femmes sur les risques liés à l’injection d’ocytocine. Une enquête publiée en décembre 2015 par le Ciane avait révélé que 40 % des femmes n’avaient pas reçu d’information sur cette hormone, ni donné leur consentement pour en recevoir." Comment est-ce possible ? Et bien la plupart des maternités te mette sous perfusion quand tu arrives pour avoir ton bébé. Et tu ne contrôles pas forcément ce qu'ils mettent dans ta perfusion car tu as autre chose à faire.

Ce n'est pas le seul acte effectué sans qu'on demande l'avis de la mère : épisiotomie, décollage des membranes, rasage des poils pubiens... autant d'actes nécessaires dans certains cas mais abusifs quand l'accouchement se déroule sans risque.

Je vais parler rapidement de l'épisiotomie. Pour l'OMS elle ne doit être pratiquée que lors de cas bien précis. Et les étudiants en médecine apprennent eux-mêmes que "Suite aux publications de 2005 du collège national des gynécologues et obstétriciens français, les seuls indications retenues sont la distance anovulvaire inférieure à 3 cm et l’anomalie du rythme cardiaque fœtale pour réduire des efforts expulsifs. Toutes les indications que l’on retrouve classiquement dans certains précis d’obstétrique, concernant les indications maternelles et l’effet protecteur sur la prévention des lésions périnéales ont été remises en cause ; Ainsi, Il n’est pas recommandé de réaliser systématiquement une épisiotomie chez la primipare." Je n'invente rien, c'est disponible en ligne ici (tu peux aussi regarder ici un PDF d'une maternité sur le sujet).

Bien sûr, il peut arriver que le personnel médical ait l'impression que la situation nécessite un acte alors que finalement, happy ending, il n'y avait aucun souci. Ce n'est pas très joyeux quand les conséquences sont douloureuses mais c'est plutôt rassurant de se dire que les gens autour de soi font le maximum pour que tout aille bien. Qu'on ne vienne donc pas me dire que je critique le monde médical. Ce que je critique, c'est l'automatisation de ces actes !

Accoucher, ce n'est pas une maladie

 

Alors qu'on te rabâche les oreilles toute ta grossesse que non ce n'est pas une maladie et que tu dois vivre normalement (en évitant tout de même : perturbateurs endocriniens, alcool, tabac, pollution, sports violents...), tu deviens une petite chose fragile et sans libre arbitre le jour où tu devrais au contraire être la plus active. Bizarre non ? Alors, il y a les grossesses à risque, les accouchements qui dégénèrent, mais dans la grande majorité des cas, et heureusement, tout se passe bien.

C'est une idée bizarre de notre siècle et de nos pays, l'idée que la femme se fait accoucher. Alors que c'est notre histoire (notre vie et celle de l'enfant parfois) qui se joue. Ce n'est pas une opération du genou ou de la hanche où le médecin agit sur nous ; c'est notre corps sous l'action de nos hormones, parce que le bébé est fin prêt qui va déclencher l'accouchement. C'est nous qui devront pousser pour le faire sortir cet enfant. Même quand il y a l'utilisation des forceps, la mère pousse ! Le seul cas où la maman ne peut pas faire (presque) seule, c'est lorsque l'on doit recourir à une césarienne. Mais dans ce cas, ce n'est pas un accouchement comme les autres, c'est acte médical lourd qui pour le coup est présenté comme tel.

Il faut que la femme redevienne actrice de son accouchement qu'elle prenne ou non la péridurale. Malheureusement, trop de femmes vivent un accouchement terrible car elles ne sont pas écoutées. Je ne veux pas faire dans le sensationnel mais cet article fait froid dans le dos justement parce qu'il résonne avec des histoires personnelles ou qui ont touché nos proches.

Pour un accouchement plus serein

 

Je ne suis pas médecin, je ne suis même pas dans le monde médical, malgré tout je suis une maman qui fait partie des grandes chanceuses qui ont pu accoucher sans complications, sans péridurale et sans souffrance (ce qui ne veut pas dire sans douleurs ;) ).

La première chose est l'information. Et comme nous ne sommes pas dans un monde de bisounours, tu vas devoir t'informer seul(e). Il y a un livre que j'avais trouvé très utile, qui liste les actes médicaux possibles pendant l'accouchement, leur utilité, leurs inconvénients.. C'est une lecture qui pourrait paraître anxiogène à certaines mamans aussi elle peut être faite par une des personnes qui sera présente à l'accouchement.

-> Isabelle Brabant, Vivre sa grossesse et son accouchement : Une naissance heureuse, Chronique sociale, 2013

Il peut être aussi utile d'avoir un projet de naissance avec soi le jour J, que les équipes médicales aient noté sur ton dossier tes volontés (sous réserve que tout se passe bien toujours), et surtout que la personne qui t'accompagne soit sensibilisée à ces questions. Cela est d'autant plus important si tu accouches sans péridurale, j'en avais parlé ici. En effet, la femme a besoin d'être dans sa bulle pour laisser les endorphines et hormones agir. Or, intellectualiser son environnement, et faire l'effort de parler au personnel médical, perturbent le bon fonctionnement du corps.

Lors de mon accouchement, le seul acte qui m'a été proposé est le perçage de la poche des eaux. Je connaissais l'utilité et les conséquences de cet acte et la sage-femme me les a rappelé et c'est tout naturellement que j'ai accepté qu'on le fasse. A part ça, j'ai un accouchement merveilleux sans péridurale avec un beau petit garçon de 4kg020. Mon monitoring était mobile, je n'étais pas perfusée, je choisissais ma position et ma poussée a duré plus d'une heure dans une pièce qui essayait d'être un peu plus gaie que les autres salles de naissance (éclairage modulable, couleurs douces..).

Le vrai problème est finalement économique : ce n'est pas toujours pour notre bien que ces actes sont automatisés, que les accouchements longs sont peu appréciés, que les accouchements sans péridurale ne sont pas encouragés. Tout cela coûte : de l'argent, mais aussi des moyens humains. Et on sait à quel point le monde médical est en sous-effectif actuellement. Mon accouchement s'est bien déroulé aussi (et surtout) parce que ce n'était pas le rush pour les sages-femmes. 

Mais les choses bougent, doucement. L'organisme Santé publique France qui a pour mission de protéger efficacement la santé des populations (Etablissement public administratif sous tutelle du ministre chargé de la santé) pense qu'il faut entamer une réflexion sur l'accouchement à domicile et les maisons de naissance pour les grossesses sans risque. A nous de rester vigilant et de nous informer !

La vue depuis le bain !

La vue depuis le bain !

Bon j'ai hésité entre cette image et une image de moi souriant (si si je te jure tu peux sourire pendant ton accouchement même sans péridurale) mais j'ai choisi celle-là (trop timide). Cela fait un peu maison en bordel ^^ mais j'étais dans ma bulle, zen. On avait prévu de la musique au cas ou mais en fait, j'ai préféré chantonner et me bercer dans l'eau.

On est d'accord que c'est perfectible, j'ai vu des chambres de maison de naissance qui donne l'impression d'être chez soi, mais c'est bien d'être libre de ces mouvements, dans la chaleur de l'eau chaude..

 

Si l'article t'a intéressé(e), je t'invite à aller regarder cette page : le coin des parents. Tu y trouveras un récapitulatif des articles sur nos petits loups ;) .

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R
Entièrement d'accord avec toi! L'accouchement doit rester naturel. par contre, il me parait évident qu'une intervention doit être faite lorsqu'il y a un danger pour la mère ou pour l'enfant. Pour cette raison, j'hésite à encourager l'accouchement à domicile... En cas de complication sérieuse, que faire? Il y a une ou deux générations, des femmes mourraient en couches... Donc oui, je suis d'accord, ce n'est pas une maladie, mais sachons profiter des avantages de notre époque aussi... :) Il suffit de choisir un bon endroit pour accoucher, un endroit où la mère se sentira respectée et où il existe un réel contact humain.
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M
Tout à fait d'accord avec toi, l'article montre simplement que statistiquement l'accouchement à domicile dans le cadre des grossesses sans risque n'est pas plus dangereux. En France, les femmes meurent encore en couches à l'hôpital (on est plutôt mal classé). Quand la grossesse n'est pas à risque, on peut accoucher dans une maternité de niveau 1 qui n'a pas les moyens d'intervenir dans tous les cas graves (dans ces cas là, il faut transférer dans une maternité de niveau 3) ou intervenir sur place avec les moyens du bord. <br /> <br /> En France, il n'y a pas partout des maternités où la mère se sentira respectée et où il existe un réel contact humain, loin de là. Malheureusement, beaucoup de femmes ont des témoignages effrayants pour leur accouchement. Dans mon entourage, j'ai plusieurs amies qui ont vécu des actes non consentis et dommageables pour leur santé. Les maisons de naissance sont un pansement pour cacher le malaise médical de notre pays.
P
Bonsoir. Je vous ai lu entièrement. Pas concerné du tout, mais les points de vue et retours d'expérience des autres sont souvent très utile. J'espère que votre article servira aux futurs parents.Et peux être par relation de cause à effet, aux enfants. J'ai la phobie du sang. Je suis né par césarienne... Que dire du reste ?<br /> Bonne soirée à vous.
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M
Merci beaucoup pour votre commentaire ! C'est très intéressant ce que vous dites à la fin, je pense que oui les premières expériences sont marquantes. C'est d’ailleurs prouvé pour une partie des éléments. Bonne soirée :)